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AVANT-PROPOS.

RAPHAEL, HISTORIEN DE PSYCHÉ, cette gracieuse mère de la volupté << charme des dieux et des hommes * ; »Raphaël passant de ses Saintes Familles et de ses Vierges pudiques, du catholicisme et de sa sévère poésie, aux voluptueuses imaginations d'un gai conteur : c'est là une vraie bonne fortune. En se chargeant de compléter et d'enrichir Apulée, le peintre d'Urbin s'est placé sur un terrain, ou il devient piquant de le suivre, et c'est à préparer les voies que s'attache uniquement le texte joint à cette publication.

La Fontaine.

PREFACE.

*

RAPHAEL, THE HISTORIAN OF PSYCHE, that elegant mother of voluptuousness « the delight of Gods and Men » possessed the fortunate or rare talent of being able to exchange his Holy Families, and Chaste Virgins, his subjects of catholicism, and serious poetry, for the style of that of a relater of sensual tales.

In undertaking to complete and ornament the Apuleum the painter of Urban has chosen a path where it becomes delightful to follow him, and it is to point out the way, that the text of this publication particularly directs the attention.

* La Fontaine.

Depuis la renaissance des arts, les peintres avaient habituellement puisé leurs sujets dans la Bible, dans l'Évangile, ou dans les chroniques des Saints. Raphaël suivit d'abord la route habituelle en retraçant des sujets pieux. Un sentiment particulier l'entraînait d'ailleurs, dit-on, à avoir une grande dévotion pour la Vierge, et c'est ce qui l'engagea à traiter si souvent le sujet de la Sainte Famille, que son talent sut varier à l'infini et toujours de la manière la plus gracieuse.

Raphaël n'avait encore que vingt-cinq ans lorsqu'il fut appelé à Rome, par le pape Jules II, et chargé de peindre au Vatican la chambre de la signature. Son premier ouvrage sut la dispute du Saint-Sacrement, dans lequel on retrouve en grande partie la même simplicité que dans les travaux des artistes ses prédécesseurs : une composition froide, des têtes pleines de naïveté, dont la plupart sont des portraits sans expression. Les costumes pourtant ne sont plus tout-à-fait semblables à ceux que portaient alors les ecclésiastiques et les magistrats; le peintre leur a douné plus de grandiose, et les a mis en rapport avec les draperies des figures antiques, que l'on découvrait tous les jours et qu'il étudiait sans cesse. Il semble que les idées et le talent du peintre se soient encore ennoblies lorsqu'il fit la belle fresque si connue sous le nom de l'École d'Athènes. Son génie, dans cette vaste composition, sut reproduire avec autant de justesse que de vérité, et dans des attitudes aussi nobles qu'expressives, ces illustres philo. sophes qui honorèrent tant la Grèce.

Les liaisons intimes que Raphaël eut ensuite l'occasion de former avec des savans illustres, tels que les cardinaux Bibienna et Bembo, ainsi qu'avec l'aimable et spirituel comte Balthasar Castiglione, le mirent dans le cas de sentir l'avan

tage que l'on pourrait avoir à exploiter les poëtes anciens. Il se mit donc à retracer avec ses crayons quelques-unes des scènes qu'il avait eu lieu d'apprécier dans ses conversations avec ses savans amis. L'un d'eux, Augustin Chigi, regardé comme le plus riche négociant de cette époque, employa une partie de son immense fortune à faire fleurir les arts.

Il n'y avait point à cette époque, dit M. Quatremère-deQuincy, dans son histoire de Raphaël, de chef de famille noble, riche ou enrichie, qui n'eût l'ambition de léguer aux âges futurs un monument durable de son existence passagère. Ce monument, c'était une habitation, à l'architecture de laquelle on consacrait des sommes qu'ailleurs, et depuis, les riches consacrent en superfluités éphémères. Graver son nom sur la porte de sa maison, avec la date de sa construction, était l'équivalent de ces substitutions qui assurent la perpétuité des biens dans une famille. Aussi doit-on à cet usage de pouvoir visiter encore dans les diverses villes d'Italie des demeures plus ou moins somptueuses, qu'illustrèrent, il y a plusieurs siècles, toutes sortes de personnages qui se rendirent diversement célèbres.

» Augustin Chigi eut donc le désir de perpétuer ainsi, dans un palais digne de lui, et son nom, et le renom d'homme de goût que la postérité lui a conservé.

»

Ayant acquis un bel emplacement dans le quartier de Trans-Tevere, il fit choix du célèbre Balthasar Peruzzi, de Sienne, pour lui élever sur ce terrain une demeure, plus remarquable par l'élégance de son architecture que par l'étendue de sa demeure. Nommer Balthazar Peruzzi, c'est donner ou rappeler l'idée de ce charmant style d'habitations, dont nous avons déjà dit que l'étude de l'antique avait aussi inspiré le goût à Raphaël, et Balthazar doit passer pour avoir été le Raphaël de l'architecture. Nul n'a mieux su mettre à contribution, mieux assortir au besoin de son temps, dans les demeures particulières, le style et les traditions de l'ar

chitecture des anciens. Le caractère de ses édifices vous fait remonter de vingt siècles dans l'antiquité. On se figure que si un habitant de l'ancienne Rome revenait dans la moderne, il ne se retrouverait chez lui, qu'en entrant dans quelquesunes des maisons bâties par cet architecte et surtout au palais d'Augustin Chigi. Mais peut être serait-il surpris à la vue du charmant vestibule qui le recevrait. Il est douteux que jadis la peinture ait prodigué autant et de telles beautés au simple atrium d'un palais.

D

C'est dans le vestibule de cette construction, qui porte maintenant le nom de Farnésine, que Raphaël peignit à fresque, vraisemblablement en 1514, l'histoire de l'Amour et Psyché. Probablement, tandis que l'architecte faisait sa bâtisse le peintre préparait ses compositions, et probablement aussi, pour connaître avec tant de détails les inventions du poëte latin, il aura eu recours à quelque littérateur célébre de son temps, peut-être bien même à Bathalzar Castiglione, du moins c'est ce que l'on pourrait inférer d'une lettre de Raphaël à ce comte, dans laquelle il lui écrit : « J'ai fait de plus d'une manière les dessins des sujets que vous avez imaginés. Ils ont l'approbation générale si l'on ne me flatte point. Pour moi, je me garde bien de m'en rapporter à mon jugement; je crains trop de ne pas contenter le vôtre. Je vous les adresse; choisissez-en quelques-uns, s'il y en a qui méritent votre choix. » C'est ainsi du moins que l'on peut expliquer comment il se fait que Raphaël ait composé le même sujet différemment, afin de pouvoir choisir les scènes et les compositions les plus convenables dout il voulait orner la Farnésine. Il a fait cette suite intéressante de dessins, gravés avec tant de soin, sous les yeux de Marc - Antoine, par ses élėves Augustin-Vénitien, B. Dado et autres. Ces compositions offrent tant de charmes, les estampes originales sont si rares maintenant, que nous avons cru bien faire d'en offrir une copie de petite dimension. Cette publication sera agréable

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