Imagini ale paginilor
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lons jalousies ou persiennes. Voyez sur la découverte des lunettes par les anciens, ce que nous avons rapporté dans notre Correspondance astronomique allemande, vol. viii. p. 42; xxiii. p. 600; xxiv. p. 82; xxv. p. 392.

(3) Les français montèrent sur cette colonne en 1798, au moyen d'un cerf-volant, et y plantèrent le bonnet de liberté. Elle est d'un beau granit rouge, toute d'une pièce depuis le socle jusqu'au commencement du chapiteau, mais dont le travail assez médiocre fait soupçonner que l'architecture à cette époque n'était pas parvenue encore à sa plus haute perfection. Les critiques trouvent aussi le piedestal trop petit et trop bas, et pas dans les justes proportions. Cette colonne d'ordre corinthien est très-bien conservée, excepté vers le sud, et le nord-est, où elle est un peu rongée, apparemment par les vents violents qui soufflent la plus grande partie de l'année de ce rumb. Elle penche aussi un peu vers le sud-ouest. Les français ont fait des réparations aux fondemens, qui avaient été détruites en partie par la rapacité brutale d'un arabe, qui, s'imaginant qu'il y avait des trésors cachés, voulait la faire sauter en l'air, mais heureusement il n'a pas réussi. Le capitaine Smyth a eu la bonté de nous envoyer un fort-joli dessin en gouache de cette superbe colonne, la ville d'Alexandrie, et le paysage à-l'entour en perspective, avec les enfléchures fixées à ce majestueux pilier.

(4) Il y a assurément une très-grande diversité dans les mesures que les différens voyageurs assignent

à cette colonne, tels que Norden, Pococke, Tott, Savary, Volney, etc.

Il n'y a que ceux qui y sont montés, qui ont pu prendre au cordeau des mesures fort-exactes; de ce nombre sont le cape Smyth, et les ingénieurs français de l'Institut d'Egypte. Ces derniers ont donnée les dimensions suivantes:

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Ce qui fait 94 pieds 2 pouces de Londres: cette mesure différe de 5 pieds de celle du capitaine Smyth. Cette différence peut provenir du piédestal et du terrain plus ou moins encombré ou déblayé depuis 24 ans.

(5) C'est bien dommage que le cape Smyth ne nous ait point envoyé cette inscription pour pouvoir la comparer à celle rapportée dans le journal de la dernière campagne des anglais en Egypte, publié en 1803 à Londres par Thomas Walsh capitaine du 93me régiment d'infanterie, et aide-de-camp du général Coote.* On y trouve entre la page 224 et 225 deux planches gravées, sur l'une desquelles est représentée la colonne de Pompée, et l'aiguille de Cléopatre sur pied. Sur l'autre est gravée l'inscription grecque, d'abord défectueuse, comme on l'a pu déchiffrer, ensuite suppliée par conjecture. Dans la note anglaise gravée sur cette même planche, il est dit, que cette inscription se voit très-distinctement sur la face occidentale du piédestal de cette colonne, quoique cela eût été contredit par quelques voyageurs. Cette inscription cependant était dans un tel état qu'il n'y avait qu'une ardeur excessive, et la patience la plus infatigable, qui a pu venir à bout à la déchiffrer. C'est ce qui à la fin, après des travaux bien pénibles, et des peines infinies, avait pour

* Journal of the late Campaign in Egypt, including descriptions of that Country and of Gibraltar, Minorca, Malta, Marmorice, and Macri, with an Appendix, containing official papers and documents, by Thomas Walsh, Captain in his Majesty's ninety-third regiment of foot, Aide-de-camp to Major-General Sir Eyre Coote, illustrated by numerous engravings of Antiquities, Views, Costumes, Plans, Positions, etc. London, 1803, in-4°, avec 49 planches, supérieurement gravées, et en partie coloriées. On a probablement traduit cet ouvrage en français et en allemand.

tant réussi au capitaine Dundas de l'état-major de l'armée britannique en Egypte et au lieutenant Desade du régiment allemand de la Reine. Ces officiers ayant été souvent visiter cette colonne dans ces momens fortcourts que le soleil donnait obliquement sur cette face du piédestal, de manière à marquer les lettres par leurs ombres, étaient à la fin parvenus à les démêler l'une après l'autre. Ils ont mis six semaines à remplir cette tâche, ce qu'aucun des savans et érudits français n'avait pas même tenté de faire, pendant le long séjour qu'ils ont fait en ce pays. Ces officiers en déchiffrant cette inscription, croyaient avoir découvert par qui et pour qui cette colonne avait été érigée; mais les doutes du capitaine Smyth ne sont pas sans fondemens; sa remarque, si elle n'est pas prouvée irrévocablement, est au moins très-juste, et autorise à des soupçons, par conséquent il faudrait encore quelque autre criterium pour décider cette question douteuse, laquelle apparemment le restera toujours.

Voici d'abord l'inscription avec ses lacunes, telle que ces officiers l'ont débrouillée.

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Inscription avec les lacunes remplies par M. Hayter à Naples, célèbre par ses travaux sur le déchiffrement des manuscrits du Herculanum.

ΤΟΝ ΤΙΜΙΩΤΑΤΟΝ ΑΥΤΟΚΡΑΤΟΡΑ
ΤΟΝ ΠΟΛΙΟΥΧΟΝ ΑΓΕΞΑΝΔΡΕΙΑΣ
AIOKAHTIANON TON CEBACTON
ΠΟΝΤΙΟΣ ΕΠΑΡΧΟΣ ΑΙΓΥΠΤΟΥ.

IPOCKYNEL

TRADUCTION.

A Dioclétien Auguste

Très-adorable Empereur

La divinité tutélaire d'Alexandrie

Pontius, préfet d'Egypte,

consacre ceci.

Here follows the second letter alluded to:

A bord du vaisseau de S. M. B. l'Aventure dans la baie de Naples, le 20 avril 1823.

J'ai l'honneur de vous faire savoir que je suis arrivé sur la côte septentrionale de la méditerranée, où je suis occupé à-présent à vérifier plusieurs de mes points que j'avais déterminés, il y a quelques années, avec mes chronomètres, pour les réduire à une base commune, et les rattacher tous au méridien de Palerme,

A mon arrivée ici, mon excellent ami le colonel Visconti me prêta les trois derniers volumes de vôtre Correspondance que je n'avais pas encore vus, et j'y ai trouvé, avec bien de plaisir, les observations et les aventures de M. Rüppell en Egypte. Je ne m'étais donc pas trompé dans mon attente lorsque j'eus le plaisir de faire sa connaissance chez-vous, qu'il rendrait de grands services à la science.

J'ai vu dans les notes que vous avez ajoutées à sa lettre du Grand-Caire dans le 1er cahier du viiie volume, que vous croyez qu'il reste encore quelque doute sur la longitude d'Alexandrie(1); je ne la crois pas tant incertaine; vous n'avez qu'à voir page 422 du viie volume, où vous y trouverez ma détermination bien vérifiée à mon retour à Bomba, d'où je l'ai portée à Malte. Jamais les chronomètres ne se sont mieux comportés qu'en cette campagne, comme vous pourrez vous en convaincre en examinant toutes mes opérations que je vous ai envoyées en détail, et dont vous n'avez publié que les résultats, page 426 de ce même volume. J'avais alors le très-grand et très-important avantage d'avoir pu faire voile d'un lieu donné avec six chronomètres, et d'y revenir en fort peu de tems, ce qui m'a procuré un excellent contrôle. J'étais très-satisfait de cette détermination, et je la croirai toujours très-bonne jusqu'à ce que quelque autre ne l'ait répétée dans des circonstances aussi favourables que les miennes; mais la plupart des voyageurs, et même les savans français de l'Institut d'Egypte, ne sont pas toujours assez exacts à désigner les places où ils ont fait leurs observations, ce qui donne souvent lieu à des différences, qui n'existent pas dans la réalité.

Le grand phare d'Alexandrie est toujours au même point, les turcs en tout tems ont été jaloux de le conserver, malgré toutes les invasions des chrétiens de tous pays, mais on ne sait pas dans quelle maison Niebuhr a pris en 1761 ses angles. L'éclipse d'Antares le 27 août 1800, et les trois éclipses du premier satellite de Jupiter en 1798 observées par M. Nouet, ainsi que les 480 distances lunaires observées par M. Quénot, mériteraient, à la vérité, quelque attention, mais je ne comprends rien à ce merveilleux accord obtenu par un seul chronomètre! Le hasard peut bien produire des coïncidences, mais celles dont vous faites mention dans votre note doivent paraître bien extraordinaires à tous ceux qui ont beaucoup travaillé avec les chronométres, et qui ont une grande pratique avec ces instrumens si délicats.

Pour pouvoir vérifier un jour les points principaux que j'ai déterminés à Alexandrie, je vous donnerai ici les mesures géodésiques de ceux dont vous avez déjà publié les latitudes qui avaient été observées par des hauteurs méridiennes du soleil; les petites différences qu'on y trouve sont apparemment dues à quelque aberration de l'aiguille aimantée, avec laquelle on a déterminé

l'azimuth de la base. La latitude observée au sommet de la colonne ne peut être regardée comme une bonne observation, soit à cause de la position gênante dans laquelle il fallait s'y tenir, soit à cause de ce qu'on était obligé de se servir d'un horizon artificiel de verre, au lieu de celui de mercure. Mon point de départ était la pointe Eunost dans le port occidental, dont j'avais fixé la latitude à 31° 11′ 27,7", et la longitude 29° 51′ 57,6", à l'est de Greenwich. opérations géodésiques ont donné—

De-là, les

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Vous regrettez que je n'aie pas mieux examiné l'inscription sur la colonne ; je ne l'ai point fait parce que je savais que le Capitaine Dundas et le Lieutenant Desade l'avaient fait avec beaucoup de soin. Dans le fond il est seulement curieux de voir, que parmi tant de savans et d'érudits, qui ont parcouru toute l'Egypte, aucun n'avait déchiffré cette inscription, et qu'on a laissé faire ce docte travail à deux soldats anglais! Mais, comme je l'ai déjà remarqué, cette inscription ou dédicace semble plutôt un monument de vanité et d'adulation de Pontius pour un Empereur, qui était un grand admirateur de ces architectures gigantesques, qu'une autorité pour nous apprendre qui était celui qui avait fait ériger cette colonne colossale. Elle avait été probablement élevée par Ptolemée Evergete, peut être en mémoire de la restitution de 2500 peintures et statues que Hérodote nous dit avaient été emportées par le victorieux Cambyses. C'est peut être ici (pour revenir à mon paradoxe favori) que ce grand monarque a fait placer les armilles, ou les cercles de bronze, avec lesquels Eratosthène fit sa célèbre observation de l'obliquité de l'écliptique 23° 51′ 20′′.

Je vous ai dejà dit pourquoi on avait donné à ce monument le nom de colonne de Severus. L'érudit, et par-fois le visionnaire Bryant, dit qu'elle avait servi de signal, ou de reconnaissance pour les marins. L'oracle de Ham fut appelé Omphi, on en fit P'Omphi et P'Ompi, et de-là, colonne de Pompée! Plusieurs autres auteurs ont attribué l'élévation de cette colonne à Alexandre le Grand, à César, à Adrien, mais ils n'ont pas daigné nous dire sur quoi ils fondaient leurs conjectures.

En 1767 on avait lu à la société royale de Londres une lettre de M. Wortley Montague, gentilhomme anglais, qui voyageait alors dans l'orient, dans laquelle est rapporté le fait suivant, bien extraordinaire. (2)

M. Montague, ayant fait déblayer la base de cette colonne, dit qu'il a pu entrer dans l'intérieur du piédestal, et qu'avec son couteau de chasse il avait déterré de dessous la base une médaille de Vespasien. Ayant examiné ce piédestal sur le lieu, la lettre identique de M. Montague à la main, je ne puis m'empêcher de dire, quelque rude que puisse paraître l'expression, que tout ce récit est une histoire absolument fausse. Apparemment M. Montague, qui était connu pour un homme aussi singulier (eccentric) qu'ingénieux, n'a voulu que s'amuser et mystifier (hoax)* par-là les antiquaires.

Quant à votre remarque, note 4, vol. vii, page 62, je vous dirai que c'était précisément à cause de ces grandes différences qui existent dans les mesures de cette colonne, la plus magnifique de tout l'univers, données par Maillet, Norden, Greaves, Pococke, De Tott, Savary, Volney, et plusieurs autres, que j'ai pris tant de peine pour en prendre une plus exacte, en y montant. (3)

Les ingénieurs de l'expédition française en Egypte avaient employé le même moyen, et il est vraiment étonnant de voir qu'ils ont pu se tromper de cinq pieds, faute assez grossière. J'ai fait mes mesures avec beaucoup de soin et avec une grande précision, les ayant prises au cordeau, et avec la règle. Il est également impossible qu'un changement dans le terrein, comme vous l'avez supposé, ait pu avoir lieu; la colonne est placée sur une colline hors des murs de l'ancienne ville; on voit évidemment par les localités qu'aucun changement n'y a pu arriver, excepté que les français en 1801 avaient fait faire quelques réparations an fondement qui avait été endommagé par la rapacité d'un chef arabe, qui, dans l'espoir d'y trouver quelque trésor caché, a voulu faire sauter la colonne. Avec une base de 80 pieds, et avec deux angles pris avec le sextant, j'ai trouvé sa hauteur de 101 pieds. Avec mon grand télescope micrométrique j'ai trouvé

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La mesure au cordeau et à la règle mérite naturellement la préférence sur les deux autres, qui n'ont été prises que par amusement.

Je vous ai écrit une lettre de Malte, dans laquelle je vous ai envoyé toutes les positions que j'avais déterminées dans le grand Syrtis; j'avais donné cette lettre à un voyageur anglais, qui devait vous la remettre lui même à Gênes, ou, en cas de quelque empêchement, à quelque bureau de poste en Italie. Je vous enverrai bientôt mes autres positions dans le petit Syrtis, &c.

* Hoax, terme néologique dans la langue anglaise qu'on ne trouve pas dans le dictionnaire de Johnson, et que nous croyons pouvoir traduire par mystifier, qui veut dire abuser de la crédulité pour rendre ridicule.

Jusqu'au moment présent que nous corrigeons les épreuves de cette feuille (21 mai 1823), cette lettre ne nous est pas encore parvenue.

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